Dès 2015, l’ADPCM se lance dans le projet de restauration d’un ancien lavoir, autrefois réservé au nettoyage des tripes du cochon, Fontsoustayrolle. Un projet qui devrait se réaliser fin 2018 ou début 2019, après les difficiles recherches de financement.
L’association de défense du patrimoine de Mostuéjouls œuvre depuis près de trente ans pour la sauvegarde de monuments de qualité comme Notre-Dame-des-Champs ou l’église de Liaucous. Elle s’est aussi attachée à ce qu’on appelle presque péjorativement « le petit patrimoine ». Dans le premier cas, il s’agit d’œuvres d’art issues du génie créateur des artistes. Dans le second, il s’agit de créations plus modestes dont le plus grand mérite est de nous parler de ce que fut la vie autrefois dans les humbles tâches de chaque jour : fours à pain, fontaines, outils destinés aux travaux des champs ou à ceux de la maison…
Ainsi, en contrebas de Mostuéjouls, au milieu des ronces et des taillis se cachaient les restes d’un ancien lavoir réservé au nettoyage des tripes du cochon le jour où on le tuait. On en devinait quelques murs et un bassin de pierre dans un recoin de l’ancien chemin qui montait au village. Parcouru par des sources éparses, l’endroit fait rêver au repos sous les peupliers aux heures les plus chaudes de l’été. Son nom : Fonsoustayrolle.
L’ADPCM, après avoir restauré la fontaine de Comayras, a décidé d’ouvrir ce nouveau chantier.
Il fallait d’abord y voir plus clair sur l’état des lieux et pour cela mettre la ruine à nu. Les bénévoles de l’association ont donc été invités à participer à une journée de nettoyage ce samedi 28 février 2015.
Coup de chance : entre des jours maussades et pluvieux, celui du rendez-vous a été particulièrement beau et tiède. Si tiède, qu’à l’heure du repas sorti de la musette, deux tables ont été installées dehors et le pique-nique s’est déroulé au soleil.
Les volontaires, une vingtaine en tout, des jeunes et des moins jeunes, nés à Mostuéjouls ou venus d’ailleurs, détenteurs de la mémoire du village ou désireux de l’acquérir, ont répondu à l’appel, armés de brouettes ou de tronçonneuses, de binettes, de pèles ou de sécateurs. Et d’une bonne volonté à revendre.
Les ronces, les clématites sauvages eurent tôt fait de disparaître. L’ancien lavoir aux tripes se montrait alors à l’équipe des bénévoles : deux murs abritent une pise autrefois alimentée par une « gargouille » et aujourd’hui asséché. L’eau se déversait ensuite dans un bassin de pierre… Une banquette permettait de s’asseoir ou de poser des ustensiles divers. Une arche disparue mais dont on devine les départs, protégeait la pise et la banquette. Les murs qui encadrent l’endroit sont branlants et même prêts à s’écrouler. Depuis de longues années, les feuilles des arbres, la terre entraînée par les eaux de ruissellement, des déchets divers déversés là, ont surélevé le sol. Il fallait donc trouver le niveau d’origine, nettoyer la pise et le bassin remplis à ras bord de terre et de détritus, trier les pierres issues des murs effondrés, brûler la végétation coupée ou arrachée. Tout cela fut fait dans l’entraide et la bonne humeur. A partir de là, les travaux à venir se dessinent clairement : remonter ou consolider les murs, débroussailler les alentours, aménager un accès commode et sécurisé. Des baguettes de sourcier disent où il faut creuser pour remettre la pise et le bassin en eau. Oui, tout est clair.
Et dès lors, autour de la ruine émouvante, les récits des plus anciens, témoins d’un temps révolu pouvaient s’appuyer sur un cadre redevenu lisible. On imaginait sans difficulté ces jours d’hiver froids et pluvieux où les tripes du cochon lavées à grande eau étaient dégraissées avec des becs de plume. On entendait les sabots frappés sur le pavé pour réchauffer les pieds, le choc des marmites et des chaudrons, les plaisanteries échangées, les rires, les commérages… Toutes ces scènes d’une activité de village disparue revivaient là et ceux qui racontaient en ressentaient une violente nostalgie.
Ce bénévolat au service d’un héritage à préserver à tout prix parce qu’il est notre mémoire et notre bien, permet de telles résurrections. Mais bien plus, il recrée des solidarités et ces complicités qui font le sel de la vie…
Pour financer ce projet, l’ADPCM a sollicité de nombreux partenaires :
- Partenaires publics : Mairie de Mostuéjouls, Département de l’Aveyron, Région Occitanie
- Partenaire privé : Crédit Agricole
- Fonds propres de l’ADPCM
- Fondation du patrimoine : et pour compléter le financement, l’ADPCM a lancé une souscription via la Fondation du Patrimoine en Juillet 2018.
Toute l’équipe remercie chaleureusement les nombreux donateurs ayant déjà participé.